L’ancien gendarme

L’ancien gendarme.


« Rentré par idéal, sorti par dégoût » ; par ces quelques mots, il résume cette brève irruption dans le milieu des forces de l’ « Ordre ».
Il effectue son service militaire dans l’arme en 1986, et, après un interlude de deux ans où il travaille dans la sécurité privée, il rentre en école de sous-officiers de gendarmerie, à Chatellereau.
Il sera gendarme mobile moins de trois ans, et choisira de démissionner pour  effectuer une mutation inter-armée et rentrer au 1e RPIMa de Bayonne, une unité spéciale.
La raison de cette reconversion si rapide ?
Une carrière en gendarmerie devenue invivable, depuis qu’à l’occasion d’un déplacement en Guyane française, il s’était rebellé contre les actes de violences sur les autochtones commis par ses collègues départementaux : Envoyé en renfort à la brigade de gendarmerie de Kourou, en 1992, il fut effectivement le témoin d’exactions particulièrement graves de la part des militaires de cette unité, entre les descentes sauvages dans les quartiers pauvres de Kourou, suivies de passages à tabac de pauvres bougres, les trafics de drogue et d’armes organisés au sein même de la brigade, et les abus sexuels sur des prostituées, thème principal des patrouilles de nuit.
Passablement perturbé par ce qu’il découvrait de l’arme, il fut un beau jour le témoin de violences sur un Surinamien de quinze ans, qui échappa pour l’occasion au viol collectif proposé par les membres du détachement qui devait le raccompagner jusqu’à une brigade frontalière avec le Surinam ; détachement de gendarmes dont il faisait partie.
Mauvaise plaisanterie, ou tentative de compromission avec réelle volonté de passer à l’acte sur le pauvre gosse ?… Il n’en saura jamais rien, ayant cassé l’ambiance sans permettre que la situation ne dégénère.
Il perdit son sang froid, générant son renvoi immédiat de ladite brigade de ripoux, vers son unité d’origine.
Au retour en métropole, tentant de s’expliquer sur les raisons pour lesquelles il avait été renvoyé de ladite brigade départementale, il était décrété mythomane par sa hiérarchie : Il fut même l’objet d’une expertise psychiatrique, qui, fort heureusement, devait, au lieu de le faire plonger, le déclarer « P1 » (psychologiquement irréprochable).
Mais, son rêve d’une carrière au service de son prochaine fut brisé à jamais, et il ne fut plus jamais perdu de vue par la rancunière vieille gardienne de la république.
Durant le temps qu’il resta dans l’arme jusqu’à sa démission, il essuya de sérieux coups tordus dont un, particulièrement bas ; son arme de tir personnelle – étant membre de la FFT à titre purement privé – disparut dans des conditions troubles.
Il fut immédiatement accusé de s’être volé lui-même son arme de poing, et bien que celle-ci fut un bien personnel sans aucun rapport direct avec ses fonctions, l’opportun incident déclencha les feux de l’enfer, avec toutes les disgrâces possibles, de la part de sa hiérarchie, et même de l’autorité judiciaire de Montélimar.
Dans la foulée, ce furent certains de ses effets de dotation, cette fois, qui devaient disparaître, apportant de l’eau au moulin des accusateurs acharnés… Il était temps d’anticiper sur ce qui devait suivre, et de démissionner pour une mutation inter-armée.
Son bref passage dans la maréchaussée, qu’il qualifie d’erreur de jeunesse les soirs de déprime, lui permit de constater, au passage, la volonté profonde de sa hiérarchie à pousser les jeunes gendarmes à la haine raciale, en particulier, ainsi  que d’apprécier que la paix sociale primait sur la sécurité de ses concitoyens.
Ce fut la révélation d’une société gangrenée, à ses premiers pas dans ce qu’il est coutume d’appeler la « vie active ».
Si vous l’interrogez sur le recul qu’il a par rapport à cette expérience, il vous répondra – si il est à jeun - qu’il est toujours gendarme, que son idéal est intact, au point que se soit toujours ce qui l’anime contre vents et marées ; protéger son prochain, et par extension, toute forme de Vie sur Terre.

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